La vieille femme au piano

La vieille dame qui jouait du piano

Donnez vie à ce moment, mettez-vous dans la peau de la pianiste ou du cameraman et racontez ce qui se passe.

Un miracle ce matin. Le piano est libre, qui s’offre à moi. Voyons, je m’installe, jouons quelques notes. Mes doigts ne sont pas si engourdis… ils ont beau être tout déformés ils retrouvent leurs marques tout de suite. C’est comme le vélo, ça ne s’oublie pas. Ils frétillent d’impatience, ils vont presque plus vite que moi.
Je ferme les yeux.
Me voilà parée de ma plus belle robe de gala, mon chauffeur comme toujours à quelques mètres de moi, dans les coulisses, amoureux, mais tellement respectueux. Jamais il n’osera me dire. Moi, princesse russe, et lui, simple chauffeur. Comme il est précieux. Mais jamais il ne doit savoir que tout ce public fébrile, venus des 4 coins du monde, impatient de m’écouter, n’est rien si son regard bienveillant n’est pas là, tout près…
Comme toujours ils sont venus. Ils se taisent. Je les aime. Ils m’admirent, voudraient être à ma place. Suivez-moi, je vous emmènerai sur des terres inconnues, dans un monde lumineux où vos vies remplies d’obligations de pression, de frustrations vous paraitront bien miséreuses.
Laissez-vous aller. Osez me suivre. Elles ne sont pas belles ces notes qui en quelques instants ont rempli votre espace ? Sentez-vous votre cœur qui bat, Oui, vous êtes bien vivant, comme moi. Ne l’aviez-vous pas oublié ? J’ai vécu, je vis, je vivrais encore. Deux mains, un piano, un amour, un talent. Que faut-il de plus ?


Mettez-vous dans la peau d’un badaud qui écoute et décrivez ce qu’il se passe.

Tiens, encore une belle matinée qui commence, quelqu’un s’est assis au piano et semble s’échauffer. Quelques notes et déjà je sens que ça promet un moment magnifique ; je vais m’arrêter, j’ai du temps ce matin, personne ne m’attend…
Quelle virtuose ! Quelle vitalité, quelle énergie, quelle générosité ! Il ne lui a suffi que de quelques notes pour nous emmener loin avec lui dans son univers.
Je suis au bal, c’est Versailles, ses dorures, ses lustres majestueux. Les crinolines tourbillonnent, c’est un festival de couleurs et de sourires.
Mais qui est-il ce pianiste ? Il ne doit pas avoir plus de 25 ans. C’est un homme, c’est sûr. Il est beau. Il est amoureux. Il se prépare à retrouver sa belle et nous offre ce moment pour nous faire partager son bonheur. Toute sa vie est devant lui. Bientôt il sera entouré d’une ribambelle d’enfants et tous ensemble ils joueront, l’un de la clarinette, l’autre de la contrebasse, le troisième du violon. Sa magnifique compagne chantera…
Oh, il s’arrête. C’est déjà fini. Nous devons être nombreux à être tombés sous ses multiples charmes.
Allez, j’ose… mon statut d’aveugle me permet toujours d’avoir des réponses quand je pose des questions aux inconnus.
« Hum, excusez-moi… pouvez-vous me décrire ce magnifique pianiste ? »

Atelier d’écriture du samedi matin : Au fil des mots et des couleurs