Ce qu’évoquent pour nous la taupe et le papillon.
La taupe, celle qui avait quelqu’un qui lui avait fait sur la tête*.
Cette toute petite bestiole qui sort de terre pour recevoir sur la tête, la merde du monde. Celle qui se dit, qu’elle aurait mieux fait de rester sous terre, bien protégée. Quelle paix royale. Se confronter au monde extérieur ? Encore, une fois, quelle merde. On est tellement plus tranquille dans ses galeries intérieures ou rien ni personne ne vient nous chercher. A peine elle veut pointer le bout de son nez et se déclare par un petit monticule de terre qu’on vient la dynamiter ; car déjà elle ennuie, elle casse la jolie monotonie du gazon de Monsieur Dupont.
Et le papillon ? Tellement beau, tellement léger, mais tellement éphémère. A peine né, déjà mort. Issu de la chenille, effrayante, piquante, rampante. Il l’élimine pour flamber quelques heures, reniant sa première vie besogneuse pour goûter à la frivolité, au plaisir de l’instant, offrir l’émerveillement. Jamais il ne rencontre la taupe. C’est comme ça. Deux mondes inconnus l’un pour l’autre. Peut-être qu’un jour une taupe a décoré son terrier de l’aile d’un papillon ? Mais comme elle n’y voit rien, elle l’a plutôt bouffé le papillon, c’’st sûr.
Et si cette semaine, la taupe rencontrait le papillon ? Si chacun sortait de sa culture pour s’élever et ouvrir son monde, trouvait la porte pour sortir de son enfermement ? Qu’auraient-ils chacun à y gagner ? A y perdre ? Question vertigineuse du quotidien. Le pas de côté. Ombre ou soleil ? Chaud ou froid ? Noir et blanc ou multicolore ? Mort ou vivant ?
*Connaissez vous la merveilleuse histoire De la petite taupe qui voulait savoir qui lui avait fait sur la tête ?