
Temps 1 : le narrateur est extérieur et spectateur //
Banlieue de Varsovie, il fait froid, il pleut, gadouilleux à l’infini dans ces rues qui s’enfilent plus sinistres les unes que les autres. Je cherche désespérément mon prochain sujet. Le journal boucle dans quelques heures et je n’ai toujours pas pondu une ligne. Quelle pourriture ce rédac chef avec ses sujets tordus : « Comment la jeunesse redonne espoir à son pays ? ». De l’espoir ça fait des kilomètres que je n’en ai pas croisé.
Des éclats de voix à cent mètres à droite Je vais aller voir.
Drôle de scène. Au moins ce sont des jeunes, ça me fait un début de piste. Un peu surréaliste d’ailleurs. Ils se tiennent debout devant un miroir porté par 2 travelos. Je suis à peu près convaincu qu’ils sont complètement ivres. Ils scrutent ce miroir comme s’ils pouvaient y lire leur avenir. Ils se palpent le visage. Sont-ils bien vivants ? Ils se le demandent. Je ne sais pars qui ils voient de l’autre côté de ce miroir. Alice sans doute. C’est peut-être ça l’espoir porté par la jeunesse. Croire en l’illusion qu’on peut toujours boire une potion magique et se laisser transporter vers une vie rêvée. Suis-je encore capable de ça ? Imaginer que je ne suis pas enfermé dans ma solitude alcoolique sans avenir mais au milieu de la noce en partance vers une nuit de flonflon ou ma belle m’attendra ?
Temps 2 : le narrateur est l’un des personnages de la photo
Mais qu’est-ce qu’il m’arrive ? Il y avait quoi dans ces bouteilles ? C’est quoi ce miroir qui vient de surgir comme ça devant moi ? J’ai beau me toucher la tête, c’est bien moi, ces sont les mêmes mouvements ! Mais pourquoi suis-je déguisé comme ça ? Une cravate ! J’ai l’air complètement stupide. Je n’en ai jamais eu et en plus je ne sais même pas les attacher.
Non mais franchement, y’avait des herbes dans ma vodka ? Si c’est mon avenir que je vois là, ça ne fait vraiment pas rêver. C’est qui cette mariée ? Et ce bouquet, on dirait une gerbe ! Oyé, Oyé, la mariée s’enterre aujourd’hui, le cœur en joie et le souffle coupé. Finie, la voilà partie… C’est toi Sophie ? Je te reconnais maintenant… comme toujours tu as fait le mauvais choix. Tu tournes le dos à la vie au lieu de me faire face et de t’envoler avec moi pour construire ce que nous n’avons pas à nous offrir ;
Si c’est mon avenir que je vois là, je n’en veux pas. Sophie, me voilà, je viens t’arracher à ce que tu ne seras pas.
Atelier d’écriture du samedi matin : Au fil des mots et des couleurs