
A partir d’un inventaire de lieux fait par votre voisin, écrivez son journal intime. //
13 Janvier – Café Gradot
Ce matin, mes pas m’ont mené dans cette rue sombre et même franchement sinistre au fin fond du 13ème arrondissement. J’avais déjà erré des heures dans le vent glacial de cet hiver que j’abhorre, en espérant tomber sur une bulle de chaleur. Mais rien. En désespoir de cause, je me suis posée dans le Café Gradot. Un petit « c » à la place du grand « G » aurait été plus approprié. Café cradot ! Une odeur là-dedans, comme si cinq générations d’ivrognes avaient inondé de leur pisse de bière les murs du comptoir dans laquelle baignaient des mégots moisis. Comme figé dans ce jus, le bistrotier d’un autre siècle m’interpelle « Un p’tit blanc ? A c’t’heure ci y’a rien d’autre. » 10h du matin. C’est vrai, il était plus que temps que j’attaque mes boyaux au vinaigre.
28 janvier 5h
On s’enfonce dans l’hiver. Il faut que je secoue cette chape de plomb qui m’oppresse. La lumière me manque. Il faut que je sorte. Je vais aller voir ce que font les bourgeois de Saint Germain des Prés au petit matin. A tout à l’heure le journal.
28 janvier 9h – Les Petites Canailles
Ah, je me sens toute ragaillardie. Les petites canailles, quel bonheur que ce café. Un lieu de rendez-vous hors du temps pour ceux qui ont choisi de vivre deux vies en une ? Rendez-vous secret des poètes, des philosophes, des questionneurs de la vie. Au fil de leurs insomnies ils se retrouvent ici pour faire et défaire leurs amours, peindre et dépeindre leurs fantasmes, vivre et revivre leurs transgressions. Pas en cachette, non, juste en parallèle. Se glisser dans la peau de petites canailles le temps de l’aurore. Pendant que femmes, enfants, patrons, chiens, chats et perruches, jouissent encore de l’oubli du sommeil.
15 Février – Le Saint Valentin
Quelle drôle d’idée que le nom de ce café quand même. Il était 21h quand je t’ai retrouvé hier soir. Il était désert. Personne.
Atelier d’écriture du samedi matin : Au fil des mots et des couleurs