Monsieur le Président, cher Emmanuel,
Nous nous connaissons tous les deux depuis la maternelle. Ça a l’air bête, mais c’est vrai. Qu’est-ce qu’on a rigolé ensemble à l’heure des crottes de nez et des boulettes de pain lancées en cachette sur nos maîtres préférés. Qu’est-ce qu’on était fiers les grands jours de spectacles de fin d’année quand nos parents applaudissaient nos prouesses d’acteurs.
C’était le temps où nous apprenions à faire notre place au milieu de tous. Nous regardions comment s’y prenaient les plus grands et tentions de nous ajouter pour exister. Avec, il faut le dire, généralement pas mal d’habileté et de succès.
Les années ont passé, nous nous sommes perdus de vue. J’ai suivi ta trajectoire et j’ai souvent eu envie de te parler.
Et aujourd’hui, je le fais ; cette année 2018 le mérite.
Elle suit 2017 qui a vu ton apogée. L’année ou l’inconnu de même pas quarante ans qui, par la force de sa détermination, a gravi quatre à quatre les marches du pouvoir. Bravo, tu l’as fait. Et puis 2018 est arrivé. Tout ce que ton exploit a mis par terre, n’est apparu que cette année. Impossible de continuer à aller gentiment promener son chien sans ressentir l’orage qui gronde surgi de partout et nulle part.
Les notes de la victoire ont fini de s’envoler ; reste la pluie qui tombe, l’herbe sauvage qui furieusement sort de tous les interstices du béton. La brèche d’espoir que tu as ouverte est béante. Elle a révélé les errements d’une société qui s’est perdue.
Madame rêve, madame rêvait, madame ne rêve plus. City on fire. Tout brûle. L’art d’être fragile est une grande illusion. Elle n’est plus fragile, elle s’est brisée en mille morceaux.
Et toi tu es là, face à l’urgence de transformation. Tu vois la fin du cycle. Mai où se trouve le début du suivant ? Partout des incendies. Terres brûlées. Ground Zero. La page est blanche. Il est temps d’écouter à nouveau.
2018 est l’année blanche, l’année de la révolte. Reviens nous. Retrouve ta curiosité d’écolier, reviens te réchauffer à la simplicité de nos foyers, redécouvrir nos humanités.
Je fais un souhait pour clôturer cette année. Que 2019 soit l’année des retrouvailles.
Je t’embrasse, bonne journée.
Bénédicte

Et la consigne était : noter de façons succincte, graphique et colorée, les faits marquants de l’année 2018, personnels ou collectifs. Partagez vos listes avec vos deux voisins. A partir de ce qui émerge des différentes listes, retracez l’année, sous forme d’un journal, d’une lettre ou de brèves d’un journal.
Atelier d’écriture du samedi matin : Au fil des mots et des couleurs