Elle est née en 1955. Sa mère n’avait plus la force de lutter. Elle lui a laissé sa vie et a préféré partir. Petit bout de fille dans un hameau du massif central, son père choisit de se noyer dans l’ivresse du vin plutôt que dans l’océan de promesses de ses grands yeux bleu.
A peine sut-elle parler, qu’elle apprit à se taire.
Marcher lui fut bien utile pour ramener le troupeau des champs, tous les soirs après l’école.
Courir lui permit d’éviter de bonnes corrections en répondant en quelques instants aux demandes incessantes du géniteur aviné.
Compter lui offrit de belles journées quand elle constatait que sa sœur lui avait réservé moins de brimades que les jours précédents
Mais elle savait que tout aurait été différent si elle n’était pas née. Alors, fièrement, elle s’appliquait à se faire oublier, pour un jour recevoir autant d’attention que le potager de sa mémé.
Et la consigne était : A partir du principe de l’œuvre de Pierre Michon « Vies minuscules » où il pénètre les vies de ses ancêtres, anodines, infimes, parcellaires : minuscules, faire le portrait d’une personne que vous connaissez, avez connu.
Atelier d’écriture du samedi matin : Au fil des mots et des couleurs