Gamblin & Morel plongent… la suite

Gamblin – C’est même pas froid.

Morel – C’est même pas chaud.

Gamblin – C’est pas de l’eau.

Morel – Non, mais c’est pas de l’air non plus.

Gamblin – Oui, mais on l’a fait.

Morel – Oui, et c’est de votre faute.

Gamblin – ça, j’en étais sûr. Oui, c’est de ma faute parce que c’est moi le plus courageux.

Morel – Ou c’est vous le plus lâche. Vous aviez peur de rester tout seul là-haut, c’est tout.

Gamblin – Pas du tout, j’ai eu pitié de vous. Vous n’avez jamais rien osé dans la vie, il fallait bien que je vous accompagne pour qu’il vous arrive enfin quelque chose.

Morel – N’empêche que si on n’avait pas dit hop ensemble, vous n’y seriez jamais allé.

Gamblin – Et maintenant j’y suis, et c’est bien à cause de vous. Pour vous aider à dire hop et pour vous aider à sauter.

Morel – Ben moi aussi j’y suis. Alors on fait quoi maintenant qu’on est nulle part ?

Gamblin – On n’a qu’à remonter.

Morel – Remonter c’est partir en arrière. Je n’ai pas sauté pour oser repartir en arrière.

Gamblin – Si on restait là alors ?

Morel – Oui mais là c’est quoi ? Il faudrait quand même que l’on sache où l’on est.

Gamblin – Et c’est même pas froid.

Morel – Ni chaud.

Gamblin – Et c’est pas de l’eau. On ne peut même pas se prendre pour des grenouilles.

Morel – Et c’est même pas de l’air. J’aurais bien aimé être un oiseau.

Gamblin – On n’aurait pas dû plonger.

Morel – Oui mais on l’a fait.

Gamblin – Alors on fait quoi maintenant ?

Morel – On n’a qu’à avancer.

Gamblin – Oui mais vers où ?

Morel – Vers l’avant.

Gamblin – Mais c’est où l’avant ?

Morel – C’est devant vous.

Gamblin – Oui mais si je me retourne, l’avant est derrière vous.

Morel – Alors je me retourne aussi et on ira ensemble de l’avant.

Gamblin – Mais aller ensemble de l’avant c’est rester dans notre petit confort.

Morel – Alors, reste retourné et on va aller devant chacun de son côté.

Gamblin – Chacun de son côté ou chacun devant

Morel – Vous n’avez qu’à aller devant à gauche et moi devant à droite.

Gamblin – Devant derrière à gauche ? On va se perdre.

Morel – Comment voulez-vous vous perdre alors que vous êtes nulle part ?

Gamblin – Pas faux, on est déjà perdu.

Morel – Si on est perdu, comment savoir où est devant derrière. Et si votre gauche n’est pas ma droite ?

Gamblin – Ce que je sais c’est que ma droite est à droite.

Morel – Sauf si mon devant est votre derrière alors votre droite est ma gauche.

Gamblin – Quelle pagaille dans votre tête quand même, de haut en bas.

Morel – Et si on remontait ?

 

Et la consigne était : Après avoir regardé le duo François Morel – Jacques Gamblin jouant une scène des Diablogues de Roland Dubillard, « Le plongeon», donnez une suite à cette scène après qu’ils aient sauté ensemble. Imaginez ce qui se passe … Où sont-ils ? Que font-ils, pensent-ils, disent-ils ? Laissez voguer votre imaginaire, jouez avec l’inconnu de cette situation où tout est possible, du plus trivial, au plus étonnant, surprenant, ordinaire, extraordinaire, absurde, baroque, poétique, loufoque…  (15/20’)

 

Atelier d’écriture du samedi matin : Au fil des mots et des couleurs