Comment les lionnes prirent le pouvoir dans la savane 

lionneIl était une fois le Roi des Lions. Il dominait la savane de toute sa force. C’était un mâle d’une stature puissante, au pelage roux flamboyant. Sa musculature à fleur de peau faisait se pâmer toutes ces dames alentour. Sa descendance n’en était d’ailleurs que plus nombreuse. Car c’était pour lui comme une obsession. Il fallait que sa race devienne la race dominante. Chaque jour une nouvelle femelle fondait sous ses assauts virils et un nouveau lionceau venait rejoindre le clan quelques temps plus tard. « Je crois en la jeunesse » disait-il. Et il avait institué la présence de tous au conseil dès la fin du sevrage. Le droit de vote arrivait pour chacun dans les semaines qui suivaient l’intégration. Il suffisait que le lionceau ait fait preuve d’habileté à la chasse. D’habileté ou de ruse, peu lui importait. Ce qui comptait était que le gibier soit toujours présent et en abondance. Et la tribu lui en était bien reconnaissante. Et les lionceaux frémissaient de joie d’accéder au statut d’électeurs. Les jeunes se lançaient des défis, les anciens partageaient avec eux leurs combinent. Ainsi ils vivaient tous dans l’opulence.

Le Roi des Lions se réjouissait de cette tranquillité et tout semblait faire croire que nul ne pourrait jamais le renverser.

Mais il se rendait compte que peu à peu il engraissait et que les petits lionceaux, bien que très prudents et discrets, de plus en plus ricanaient derrière son dos. Jusqu’au jour où, le croyant endormi, le plus téméraire d’entre eux s’amusa à déposer un colibri sous son museau, et dans une révérence grotesque s’esclaffa « Grand Roi, voilà bien un trophée digne de votre majesté » et il s’enfuit en minaudant, tortillant de l’arrière train. « Notre roi est au régime, notre Roi est au régime ! ».

Ivre de colère mais n’en laissant rien montrer, notre Grand Roi se décida instantanément à prendre le sujet à bras le corps, bien déterminé à ne pas se laisser détrôner par un rejeton insolent. Rira bien qui rira le dernier.

Il partit alors à la chasse. Cela ne lui était pas arrivé depuis bien des années. « Attention, qui va à la chasse perd sa place » lui susurrèrent les gazelles, qui c’est vrai désormais, courraient bien plus vite que lui.

Mais ce que tout le monde ignorait, c’est que depuis longtemps, il savait que ce moment arriverait. Alors, il avait en secret rencontré le Grand Roi des Léopards, son ennemi juré aux yeux du monde. Ils avaient ensemble un accord ; une pièce royale de gibier l’attendait pour que le jour venu, il ne soit pas pris en défaut. Ainsi plutôt que de s’épuiser dans une course folle perdue d’avance derrière les antilopes, il alla directement puiser dans la réserve de son complice.

Il revint s’installer le soir venu sur son trône, en déposant négligemment sa proie au centre du cercle du conseil. Le silence qui s’était perdu depuis quelques temps, s’imposa parmi les membres. Il sentit que son pouvoir n’en serait désormais que plus fort.

Parce qu’il était rusé, il ne voulut pas avoir la victoire dédaigneuse. Alors il se leva simplement et invita les lionnes à le rejoindre pour déguster avec lui le gibier appétissant. Comme il se doit, le Roi pris la premier bouchée, son morceau préféré. Chacune dut attendre qu’il ait avalé pour commencer. Et en quelques secondes tout bascula, sa gorge enfla, enfla, et le Grand Roi mourut foudroyé. Son grand ami le Roi des Léopards l’avait roulé. Il avait empoisonné sa bouchée adorée. Bien mal acquis ne profite jamais.

C’est ainsi que les lionnes dévorèrent le roi des lions et prirent le pouvoir. Grâce au roi des Léopards.

Et la consigne était : A partir de 4 proverbes ou dictons tirés au sort, construire un récit qui va imbriquer ces proverbes/dictons.

Atelier d’écriture du samedi matin : Au fil des mots et des couleurs