Où on va Papa ?

Où on va Papa ?
Demande à ta mère, tu vois bien que je suis occupé.

Où on va Papa ?
Je ne sais pas mon bonhomme, laisse-moi réfléchir et reviens dans deux mois.

Où on va Papa ?
Tu n’en as pas assez de poser toujours des questions ? Tu verras bien quand nous serons arrivés.

Où on va Papa ?
Nous allons là où nos pas nous conduisent, toujours tout droit, comme si la route était infinie.

Où on va Papa ?
Nous allons là ou personne d’autre que toi n’est jamais allé. Nous allons tout au fond de ta mémoire et de ton cœur chercher la vie et tes envies.

Où on va Papa ?
Partout et nulle part, c’est une certitude. Le reste, je ne sais pas.

Où on va Papa ?
A la catastrophe, tu ne le vois donc pas ?

Où on va Papa ?
Si nous allions vers un nouveau monde, ce serait merveilleux. Mais je ne sais pas. Tout comme toi, je me lève chaque matin et j’espère que demain je me lèverai à nouveau.

Chaque matin je me laisse aller à une nouvelle destination. Et si tu faisais comme moi ?

Chaque matin, pars vers un nouveau futur, vers une nouvelle rencontre, vers ton nouvel univers.

Il y aura le matin où tu découvriras celui que tu as ignoré il y a quelques mois,

Il y aura les matins où ta colère explosera du trop-plein de tes frustrations,

Il y aura les matins de gratitude pour l’attention reçue,

Il y aura les matins paresseux où le rayon de soleil à ta fenêtre brunira ta joue immobile laissant l’autre si blanche,

Il y aura les matins où tu chanteras à tue-tête pour ton ami de l’autre côté de la planète.

Tous ces matins, garde-les précieusement dans un recoin de ta tête. Ou couche-les dans ton grand cahier bleu. Ils disent ton histoire. Ils racontent celle du vivant.

Il y aura un matin où tu ne voudras plus aller nulle part. Ce matin-là, tu reprendras ton grand cahier. Promène-toi à pas lent tout au long de ses pages. Émerveille-toi de l’immensité des richesses vécues. Ce jour-là, tu penseras à moi.

Où on va Papa ?
Partout et nulle part. Au bout de nos vies, à l’infini de nous-mêmes.

Où on va Papa ?
Je ne sais pas, mais allons-y ensemble.

Et la consigne était : « Où on va Papa ? » Jean-Louis Fournier, Stock… répondez.