
Père Lachaise 1
Un froid à Pierre fendre ce matin sur Paris. Impossible de réchauffer mon appartement, mes draps sont glacés à mon réveil. Mes articulations se coincent, les engelures craquellent ma peau, le sang se fige à peine sorti de mon corps. J’ouvre ma fenêtre. Devant moi les hautes murailles du Père Lachaise et derrière elle les flammes de l’enfer. Je tends les mains pour retrouver un peu de chaleur alors que le troupeau des parisiens s’enfonce en bêlant dans la gorge béante du métro Gambetta. Promesse d’un méchoui orgiaque pour les damnés.
Père Lachaise 2
Il ne manque rien, ma valise est bouclée. Derrière ces grands murs je vais m’allonger pour une cure de sommeil bien méritée. Des milliers de matelas me tendent les bras. Mon repos sera doux, bercé par la symphonie du printemps, massé par les rampants, dépoussiéré par les volants, récuré par les croquants.
Square de la place des Fêtes
Je prends mon fusil à pompe, je siffle mon chien et je me rends d’un bon pas au square de la place des Fêtes. Le plus beau spot de tir aux pigeons du quartier. Il est 16h30, c’est la sortie des écoles, je suis prêt pour l’ouverture.
Rue des Annelets
Samedi 10 h. J’enfourche mon skate. Le plus grand circuit au monde de slalom est installé. Les pépères à chienchien ont fini leur défilé. Entre mille merdes, rue des Annelets, je vais pouvoir performer.
Station République
Engoncée dans mon scaphandrier, oxygène bien arrimé, détendeur ajusté. Plongée souterraine dans le gouffre de détritus. Station République, croisement des lignes 3, 5, 8, 9, 11. Tout y est. Rien à garder.
Et la consigne était : Métamorphose de lieux connus.
Atelier d’écriture du samedi matin : Au fil des mots et des couleurs