Couleurs

Le glas sonne et résonne dans les rues de la ville abandonnée. Un coup de marteau sur la cloche à chaque mort annoncée. Un vent glacial s’engouffre dans les avenues désertées. La poussière vinasse-amour-en-cage, le pollen orange-roseau, les branchages caramel-allumette tourbillonnent et s’emmêlent sur le macadam gris-iris. Même les chiens errants ont fui, plus un rat blanc-fouet à l’affût d’un lambeau de peau rouge sang perce-neige. La ville est exsangue, plus rien n’y circule mû par sa propre volonté. Seuls les vents, les flammes, les eaux provoquent encore des tressaillements. Le temps file, transparent, indifférent. Nuit après nuit, jour après jour il étend son grand manteau couleur turquoise-douille piqué de boutons framboise-minuteur.

Le glas sonne et résonne dans les rues de la ville abandonnée. Pas âme qui vive. C’est le 1er mai. Un premier mai noir muguet.

 

Et la consigne était : Inventer des couleurs et donner vie à ses couleurs.

Atelier d’écriture du samedi matin : Au fil des mots et des couleurs