Tu as dit oui. Mais, bon sang, pourquoi as-tu dit oui ? T’es-tu seulement rendue compte que tu disais oui ? As-tu imaginé une seconde l’immensité de ce oui ?
Non.
Ce oui, c’était deux vies. Ta vie d’avant. Ta vie d’après.
Tu as rassemblé toute ton énergie pour parcourir les méandres des années écoulées. A la recherche de tes palpitations. Tu as retrouvé le souffle du baiser de ta maman dans ton cou te faisant rire aux éclats, la confiance des mots du professeur t’invitant à aller au-delà, le frisson de ce carré de chocolat trempé dans ta tasse de café symbole de ton identité d’adulte, l’admiration béate dans le regard de ton premier amour. Tu as senti le trouble imperceptible de ce début de vie qui s’installait au creux de toi, deux cœurs battant dans un seul corps, bientôt deux corps avec leurs cœurs indépendants. Tu as reconnu le rire, les hurlements, la souffrance, la douceur, la colère, le plaisir, l’effort, la langueur, l’abstinence, l’abandon. L’émerveillement, la haine, la chute.
Tout est identifié, trié, étiqueté, classé, organisé, rangé. En boite. En mémoire. Verrouillé. Enfoui. Enterré. Bien plus loin qu’un vague souvenir. Une sensation ? A peine.
Oui. Tu as pris la clé. Tu es allée au fond du jardin, au fond de la forêt noire, tu as retrouvé l’emplacement, tu as creusé, tu as déverrouillé la boite, levé le couvercle, soufflé sur ton histoire. Un long frisson. Vertige.
Nuage de poussière. Noir. Gris foncé. Gris clair. Blanc. Transparent. Dans son coffret, une matière. Elle est là, posée. Belle sphère légèrement scintillante. Cube stable et phosphorescent à forte densité. Losange effilé, arlequin multicolore s’étirant en pointe vers le ciel. Ressort noir, un peu rouillé, grinçant mais rebondissant.
Oui. Te voilà dans ton écrin, unique et entière, pour envisager ta deuxième grande virée, la virée d’après. Tu es au pied du mur. Au début du chemin. En haut de la falaise. Face à l’océan. Lance-toi. Choisis.
Et la consigne était : Une virée extraordinaire, vécue ou non. Donner à voir, sentir, goûter l’aventure
Atelier d’écriture du samedi matin : Au fil des mots et des couleurs
Ecrire pour le plaisir... et pour être lue ! 