C’est une photo de lui

Espérances.

Je l’ai accrochée à mon mur. Il est fin. Je le regarde. Il dégage une élégance sensuelle. Je le scrute à en user le papier. J’espère qu’il vienne m’inviter pour un nouveau pas de danse. Ça n’a vraiment aucun sens. Je retombe en adolescence. Et pourtant, je ne peux m’empêcher de penser qu’un jour il reviendra sur son errance. Je plante mon regard dans le sien. Plus aucune distance. En transe. Il n’oppose jamais la moindre résistance. Il pourrait me saisir la taille et se lancer avec nonchalance, toujours en cadence. Mais non, il reste accroché à ce mur, une punaise en instance au-dessus de sa subconscience. J’aurais adoré, juste une toute petite romance, de celle à la limite de l’indécence, en toute inconscience, à consommer dans l’urgence. Il aurait libéré en moi sa semence et j’aurais accueilli, pour la vie, sa descendance. Résonance de l’essence de sa renaissance. Dans le silence et la prudence, j’aurais élevé cet enfant dans la bienveillance et l’ignorance du secret de sa naissance. Mais il n’a pas bougé de son mur, immobilisé sans complaisance. Mon rêve de transe est un bain de jouvence saturé d’obsolescence.

Busard.

Quel salopard ! Il est parti aussi rapide qu’un cafard. Et v’là que j’me coltine son chiard. Un vrai bâtard. Le père ou le moutard le bâtard ? Les deux ! J’la mate cette photo et j’y vois que leurs bobards. Ceux du géniteur et ceux du chiard. J’rêvais qu’il m’sorte au bar, et v’là qu’il a mis un poupard dans l’tiroir. Et ce gnard, un vrai crevard, à vous flanquer l’cafard. Une tête de têtard, une vie de loubard, aussi soulard que son anar de jars. C’est pas des milliards de pétrodollars que j’voyais dans son regard, c’est pas en costard qu’il m’a lancé un regard, c’est pas en Panhard qu’il a débarqué à Clamart. Ah, Gérard, c’est jusqu’un braquemart prêt à tirer dans n’importe quel lupanar. Mais pourquoi Bernard m’a pas collé en chtar pour m’sortir de mon brouillard. Et comme un pauvre clébard, j’le garde collé sur mon placard. C’est pas mon phare, pas mon aérogare. Juste mon pire cauchemar. Terminé, j’me barre. Et dare-dare ! Je carre mon blablacar et j’prends rencart avec un richard. J’lui jouerai de la cithare au bord de sa mare. Dommage, le Gérard aimait bien le pinard avec les épinards. Tout un art. Abracarambar !

Exercice de styles : raconter une photo en s’appuyant sur des mots terminant par la sonorité en « anse » puis refaire l’exercice avec la sonorité « ar »

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