Une histoire à l’envers

Son achat est fait, elle peut rentrer chez elle maintenant. Elle a fini par opter pour le réflex. Il est lourd et encombrant, mais il plaira à son mari. Même si c’est toujours elle qui prend les photos et qu’elle aurait préféré le numérique. Mais elle aura la paix. Il ne verra pas à quel point elle est troublée.

Elle avait vite fait. Il s’était passé moins d’une heure depuis le moment où ils étaient sortis du café pour rejoindre la station de métro, Franklin Roosevelt, qui lui permettrait de rejoindre son train. Elle se rendrait ensuite à la Fnac des Ternes. La Seine scintillait. Leurs mains s’effleuraient. Ni l’un ni l’autre ne s’écartait. Ils s’étaient arrêtés en haut des marches de la bouche dans laquelle il allait s’engouffrer, c’était le moment de se quitter. Leurs bras s’étaient ouverts dans un même élan pour une étreinte. Ils s’enlacèrent. Il l’embrassa sur une joue, puis sur l’autre, glissa vers sa bouche, y déposa un baiser délicat et il partit en courant presque, sans se retourner, la laissant stupéfaite. Bouleversée.

Ils s’étaient retrouvés comme prévu à 15h, devant chez Carette, derrière le Trocadéro. Etrangement intimidés, ils avaient commencé par marcher un long moment dans les rues ensoleillées de la capitale. En automne la lumière chaude embellit la ville d’une douceur particulière. Ils s’étaient arrêtés à la terrasse d’un café. Il était 16h, ils avaient commandé une bière ; quelques degrés vite absorbés. Se détendre, se laisser porter. Ça l’aiderait aussi quand elle serait dans les rayons saturés de la Fnac.

C’était un mardi de la fin du mois de septembre. Ils avaient décidé de cette rencontre avant les grandes vacances. Au cours de l’été, ses enfants avaient cassé son appareil photo ; elle souhaitait en acheter un nouveau avant l’anniversaire de la petite dernière dans quelques semaines. Son mari et elle avaient débattu à plusieurs reprises sur cet achat. Elle penchait plutôt pour un numérique, lui, peu porté sur l’innovation, ne voulait pas en démordre, c’était pour un bon vieux réflex qu’il fallait opter. Elle se dit qu’elle irait à la Fnac après son rendez-vous de 15h avec ce vieil ami qu’elle avait retrouvé par hasard trois mois plus tôt. Il lui avait proposé de prendre un verre entre deux trains qui le faisaient s’arrêter quelques heures à Paris.

Proposition : écrire une histoire en commençant par la chute et remonter le temps

Un commentaire sur “Une histoire à l’envers

  1. C’est étonnant, ça rend l’information accessoire. L’action est placée dans un espace plus grand. La distance prise avec le sujet donne l’impression d’un souvenir. C’était un mardi, il faisait beau, je me souviens…

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