Une nuit à boire, à aimer, à mourir, sans nuit, sur le dos de la girafe, à nager à contrecourant, à écrire sans lever le stylo, dans un volcan en éruption, dans un igloo, à chanter, avec une tribu, sans lendemain.
Mardi 7 mars. Quai du métro Arts et Métiers ligne 11. 20h42. Personne d’autre que moi. Oppressante appréhension. Le silence est profond. L’affichage des délais d’attente est étrangement statique depuis plusieurs minutes. Toujours pas de voyageur. J’attends depuis 10 mn maintenant. Aucune rame. Ni en direction de Chatelet. Pas plus vers la Porte de Lilas. Aucun fracas des roues sur les rails. Juste un couinement. Un rat perdu entre les traverses. Lui aussi semble perplexe. Son jeu favori de course contre la machine de fer est interrompu. Pas cool.
15 mn. Toujours rien Ni personne. Mon téléphone fonctionne, chargé à bloc. Je vais chercher l’explication auprès de mon bon ami Google. Grève RATP 7 mars 2023. Ça rame. Je relance. Ça rame toujours. Mais toujours pas de rame. Deuxième relance. Je m’énerve. Pas de réseau. Recommencez ultérieurement dit la machine. J’hésite à remonter à la surface. Mais si je ratais l’improbable métro ?
Déjà 20 mn que je poireaute. Bon, je remonte. Sans prendre l’escalator. J’aurai fait un peu de sport. Toujours ça de pris. Toujours pas de réseau. Je me dirige vers la sortie. Grille baissée. Et zut. Je me dirige vers la deuxième sortie. Rideau fermé. Troisième et quatrième sorties, même verdict. Je suis enfermée dans les entrailles de Paris. Plus personne aux guichets. Normal. Ils avaient l’info eux.

Je reviens sur mes pas à la recherche d’un bouton rouge. Celui qui crie au secours. Il y a toujours un bouton rouge. La sacrosainte sécurité. Le voilà. J’appuie. J’appuie encore. Rien ne retentit. Rien ne murmure. Rien ne grésille. Silence. Toujours. Je suis bel et bien enfermée Il est 21h30. Toujours pas de réseau. Il y a bien des caméras partout. Je m’agite devant. Mes mouvements vont bien réveiller quelqu’un quelque part. Ça caille. Je m’agite tant et plus sous la lentille. L’œil de Moscou. Au moins, ça me réchauffe. J’ai le nez qui coule. Bientôt plus de mouchoirs. La nuit va être longue.
Dans mon totebag, un carnet et un stylo. Finalement, c’est pas mal de ramener du boulot à la maison. Me voilà partie pour une longue nuit d’écriture. J’en rêvais. Merci les grèves, vous me l’accordez.
Atelier d’écriture Kikka Auteure. Thème : Mes nuits sont plus belles que vos jours