
Il était photographe. Il ne photographiait que par nuit noire. C’était un contemplatif. Il cherchait à apprivoiser son appareil. Le mettre au diapason de ses instants d’éternité. Attendre que la lumière pénètre paisiblement la plaque. Puis s’enfermer dans la chambre tout aussi noire que la nuit pour révéler l’émotion de l’immortalité imprégnée dans la feuille de métal.
S’enfoncer encore dans la nuit, capter une nouvelle fois l’éclat discret de la lune, le bruissement étouffé des feuilles des châtaigniers, le friselis intime des insectes. Contempler la profondeur et surprendre ses égarements, retrouver sa densité et la perdre à nouveau.
Partir loin, fuir sans plus de conscience d’un foyer, pas même de l’éventualité même d’une possible lumière. Comme une étoile filante, s’enfoncer dans l’infini, pas d’échappatoire, pas la moindre ouverture. Ravi par l’absolu.
Point de départ :
« Donne moi quelque chose qui ne meurt pas » Livre de Christian Bobin et Édouard Boubat
« Comme le jour dépend de l’innocence, le monde entier dépend de tes yeux purs » Paul Eluard
Un commentaire sur “Photographe.”
Les commentaires sont fermés.