
Il n’y a plus rien dans ce quotidien qui me retienne. Aujourd’hui, je pars.
Je ne fermerai pas la porte derrière moi. Les oiseaux curieux viendront nicher, mon voisin rêveur fera déborder sa baignoire et inondera mon entrée, le vagabond épuisé s’allongera sur mon lit. Peut-être occupera-t-il cette place vide et froide que tu as laissée derrière toi.
Je pars le rencontrer cet inconnu qui ne m’a jamais laissé en paix .Au coin de la rue, au plus profond de mes insomnies, dans l’anonymat des grands rassemblements, dans l’incompréhension de nos intimités, dans l’amertume des non-dits, dans la surprise d’un sourire, dans la tendresse d’une caresse, dans la peur de vivre trop. Je pars chercher le doute, je pars trouver le vertige, je pars flirter avec l’angoisse, je pars apprivoiser le vide.
Je pars me chercher, j’ai hurlé tant de fois dans l’immensité sans écho.
Je pars sans bruit sur la pointe des pieds, dans le murmure du silence.
Je pars en paix et je suis là. Dans chacun de mes pas, tu seras là. Toi, et toi, et toi.
Toi aussi l’inconnu, en compagnon fidèle, celui qui n’a jamais manqué un rendez-vous. Tu es mon piment, mon inspiration, ma liberté. Tu es celui dont je ne peux me passer. Un jour viendra je te détesterai.
J’aurai renoncé à l’immortalité. Fais, s’il te plait, en sorte de partir d’un seul coup. Ne lambine pas. Sans remord, sans regret. Pars. Ne fais pas trainer. Que dans un seul instant, j’arrête de respirer.
Consigne : le narrateur va partir et a comme perception de regarder loin. Que va-t-il découvrir ? que va-t-il voir ?